Depuis déjà pas mal d’années, j’ai réussi à convaincre mon patron de rembourser l’abonnement Vélib aux salariés de la boîte. L’idée était de se doter d’un embryon de politique vélo à peu de frais. Ça n’a pas forcément eu un succès fou, mais quand même, certains ont profité de cet avantage. Moi-même, qui ai ma propre monture, j’ai pu utiliser ponctuellement un Vélib, pour un aller sans retour ou autre.
Mais là, en ce moment, c’est la cata. Depuis la fin du contrat JCDecaux, rien ne va plus. Pas assez de bornes, pas assez de vélos, dysfonctionnements, tranchées ouvertes de travaux inachevés, grève des salariés hyper mal gérée… C’est un archétype de l’accident industriel qui devrait d’ailleurs être étudié à l’école.
D’abord, le choix de l’entreprise Smoovengo, sans grosse expérience. Je suis persuadée que JCDecaux, qui n’en avait au fond rien à cirer des Vélib, n’a pas fait grand-chose pour gagner le marché. Ben oui, le nouveau marché Vélib étant séparé des panneaux de pub, ça n’avait pas grand intérêt pour cet afficheur publicitaire. Donc l’autre a gagné le marché, à mon avis sans trop se fouler.
C’est là que les choses sérieuses commencent. Parce que Paris, c’est grand, et ça fait beaucoup, beaucoup de vélos et de stations. Ma frangine, qui est dans le business, a dit que c’était quasi mission impossible de déployer aussi rapidement autant de vélos et de stations. Mission impossible, donc plouf.
La Mairie, paniquée, essaie de reprendre la main. Mais le problème, c’est qu’on n’a jamais considéré le Vélib comme un vrai service public. Du coup, personne ne s’est posé la question au début de savoir si ce ne devrait pas être une régie municipale. C’est un nouveau service public, privatisé dans l’œuf. Et la Mairie n’a pas la compétence pour gérer ce type de service, car elle ne l’a jamais fait. Du coup, la voilà à ramer avec un partenaire privé pas très fiable.
Ça fait bien l’affaire des vélocistes, tout ça, et finalement, l’intérêt du Vélib, c’est quand même d’avoir mis des gens sur des vélos ! Et une fois qu’on y a pris goût, on peut difficilement s’en passer.
À moi maintenant de convaincre mon patron de passer à l’indemnité kilométrique vélo. C’est pas gagné.
(56e épisode)