La solidarité entre cyclistes, c’est pas qu’une vue de l’esprit. Je l’ai testée hier matin, alors que j’arrivais sur la maudite et horrible place du Carrousel du Louvre.
Elle n’est pas horrible côté vue (c’est même un must du Paris touristique et patrimonial avec, à gauche, le Louvre, à droite, les Tuileries et la tour Eiffel, et en face, la Seine). Cette place est horrible pour sa chaussée trop large, défoncée, avec d’énormes flaques quand il pleut, des trous et des pavés datant de Louis XIII. À vélo, c’est le mauvais moment à passer (et un bon test de résistance du soutien-gorge !), genre Paris-Roubaix en pire.
Bref, cette fois-ci, mon vélo n’a pas résisté aux tremblements et a déraillé en plein élan. Me voilà au cœur du Paris royal, avec les mains à mettre dans le cambouis. Et voilà qu’en même pas deux minutes, vlà Jean-Jacques (ou Roger ou Raymond, il ne m’a pas dit son nom…), avec son vélo électrique, qui me vient en aide et qui, avec des gants spéciaux, m’évite de mettre les mains dedans. Il re-raille, je le remercie, et me revoilà partie avec le plaisir de constater que tant qu’il y a des cyclistes à Paris, il y aura toujours assez de camaraderie et d’entraide pour compenser le Parisien de mauvais poil.
Il m’est arrivé la même chose ce matin, rue de Montpensier (une petite rue longeant les jardins du Palais Royal). Je déraille et dis ostensiblement « et meer… » devant un charmant jeune homme, téléphone à la main, expliquant à son interlocuteur qu’il l’attend (et donc qu’il ne fait rien). Eh bien, il ne fait rien justement, m’ignorant complètement. Je mets donc les mains dans la chaîne. Une automobiliste se gare et me regarde à peine. Rien.
J’y arrive et me retrouve avec les mains vraiment dégueu. Et là, l’artisan qui s’était garé, qui n’avait rien dit ni rien fait, me prend quand même en pitié et m’offre une lingette spéciale graisse. Et là, j’ai repensé à Jean-Jacques (ou Léon ou Georges…).
(68e épisode)