À Paris, j’aime l’anonymat. Non, je ne fais pas ma star qui fuit les paparazzis ! J’aime bien me fondre dans la foule, être une parmi d’autres. Cela donne une liberté incroyable. Le côté village existe bien sûr, mais seulement dans son quartier. On fait 100 mètres et c’est fini. Plus personne pour te reconnaître…
Évidemment, les caméras de vidéosurveillance viennent battre en brèche cette liberté individuelle. Pour me rassurer et me dire qu’on est loin de 1984 (le bouquin, pas l’année), je me dis que personne ne regarde ces caméras, à part peut-être un ou deux flics un peu voyeurs. Et puis, les caméras permettent de verbaliser les GCUM et ceux qui roulent sur les pistes cyclables, alors je les considère autrement.
Être anonyme, c’est bien, mais invisible, non ! Hier, un crétin a tourné à droite et a coupé la route de ceux qui étaient dans le couloir de bus, comme s’ils n’existaient pas. Heureusement, je l’ai vu venir. En général, je pressens mon côté femme invisible. Ça doit être un sixième sens. J’essaie d’anticiper, parfois je « dring, dring » pour me faire entendre à défaut de me faire voir. Mais comme la plupart des automobilistes n’entendent rien dans leur bulle et ne considèrent que ceux à deux phares qui roulent sur quatre roues… on est parfois complètement zappé.
C’est un peu comme pour les politiques publiques sur la mobilité : le vélo est souvent invisible.
Pour me rendre plus visible, je pourrais chantonner très fort. Ou alors porter un gilet jaune, mais non seulement c’est très moche, mais maintenant c’est un peu connoté ! Et je ne vais pas me déguiser en arbre de Noël pour prouver que j’existe !
(80e épisode)