Le Maire de Montpellier aurait mieux fait de se taire ce jour-là. En octobre dernier, il a dit bien haut et fort, devant micros, qu’on ne faisait pas une piste cyclable pour deux personnes.
Alors évidemment, c’est le genre de bêtise crasse qui fait réagir au quart de tour tout bon cycliste. Et à Montpellier, ils étaient trèèèès nombreux à dire, lors d’une manif un peu improvisée, que chacun était « un des deux ». Le hashtag Je suis un des deux a même eu son petit succès.
Et ce n’est pas qu’à Montpellier qu’on entend ce genre d’ânerie. Le nombre de personnes qui (se) font la réflexion, en voyant une piste cyclable vide, que c’est du « gâchis » d’argent public… Comme si un aménagement cyclable était une lubie de riche bobo quasi inexistant (puisqu’il est deux) – et qui prend de la place à la bagnole en plus…
Alors reprenons. Donc un aménagement est nécessaire que s’il y a du monde dessus ? Donc il faudrait virer les trottoirs des rues un peu désertes « parce qu’on va pas faire une infrastructure pour 2 piétons » ? De même, on peut aussi transformer en chemin de terre toutes les petites routes très peu fréquentées. Ben oui, « on va pas dépenser des millions pour 2 voitures » !
Bref, ce raisonnement basé sur la popularité de telle ou telle rue ou route est parfaitement idiot. Et question infrastructure, c’est marrant de comparer le prix de l’entretien d’une voirie où passent quelques voitures bien lourdes et des camions, par rapport à une piste cyclable. Où est le gaspillage d’argent public, si on le compare au nombre de personnes transportées ?
Et puis plus il y a de pistes cyclables, plus il y aura de vélos… Mais ce n’est pas instantané ! Il faut convaincre, tester l’itinéraire une fois, un dimanche peut-être, puis tenter un essai pour aller au boulot… Et hop, un de plus. Puis un autre et un autre, etc.
Et là, on est nombreux à être un des deux.
(84e épisode)