Au bout de 4 jours de grève des éboueurs, les rues du 2e arrondissement que je traverse le matin ressemblent au pire de Naples. Les poubelles vomissent leurs déchets, et ce sont des montagnes de cartons, sacs poubelles, emballages, bouteilles en plastique et autres qui s’étalent sur les minces trottoirs. En à peine 4 jours, tout est plein. Ça veut dire que la ville ne peut fonctionner sans ramasser ses déchets et que ce service public-là, invisible, ce travail pénible, est essentiel. Alors, ces monceaux de déchets : la faute au droit de grève ? Ben voyons ! La faute au gouvernement ? Oui, indirectement, car c’est la réforme des retraites qui a tout déclenché. Mais l’autre question qui m’a trotté dans la tête, c’était : pourquoi tous ces déchets ? Et c’est même très angoissant de voir tout ce que nous produisons en si peu de jours, sans s’en soucier, en râlant sur le bal des camions-poubelles trop bruyants, trop lents, trop larges… Quoi !? Un grain de sable et on croule sous les poubelles.
Et à y regarder de plus près, ces déchets sont aussi des trucs qu’on a amenés en camion : il y a de nombreuses boîtes en carton des livraisons internet et des commerces, des bouteilles d’eau en plastique… Donc, le gros camion qui me bloque le matin livre plein de bouteilles d’eau en plastique, qui vont être jetées et ramassées par le gros camion-poubelle qui me bloque le soir…
C’est comme la température qu’il a fait au mois de janvier. Pas normal, ce 14 degrés fin janvier, en plein hiver à Paris. Alors, on est content un moment de pédaler dans la douceur. Mais non, non, ça ne va pas. On va se retrouver avec combien en été ? En ce moment, le réchauffement climatique n’est pas seulement un vague concept ; il se ressent tous les matins : là où le cycliste devrait se cailler les mains et les pieds, il transpire !
Le Parisien insouciant ne voit pas vraiment la pollution des déchets, la pollution de l’air ou les gaz à effet de serre. On consomme, on jette, on circule, on bouge sans se méfier. Mais aujourd’hui, à rouler dans les poubelles par 13 degrés, en toussant, je l’ai bien comprise, l’urgence environnementale !
(107e épisode)