TF1 invite vraiment n’importe qui pour parler de l’actualité économique. Il y a quelques jours, sur le plateau du JT, un soi-disant expert a fait un raccourci hallucinant (accrochez-vous, ça va aller vite) : si l’usine de pneus Bridgestone allait fermer, c’était parce qu’on (l’État) n’incitait pas assez les gens à acheter des bagnoles, en créant trop de pistes cyclables. Donc, selon lui, les pistes cyclables allaient créer plein de chômeurs… Et fier de lui, il conclut par : « Un chômeur à vélo, c’est toujours un chômeur. »
Bon, il a dû oublier le CICE, les milliards d’aides à l’industrie automobile, les cadeaux fiscaux au diesel, les kilomètres de routes payés par les impôts, la hausse des ventes de SUV et la place démentielle accordée à leurs publicités… Mais qu’est-ce que j’en sais, moi, je suis pas économiste, enfin !
Ok, mais je sais quand même reconnaître quelques études un peu sérieuses sur l’économie générée par le vélo. D’abord, d’un point de vue pouvoir d’achat, il n’y a pas photo : rouler à vélo constitue un gain non négligeable, sauf peut-être par rapport à la marche.
D’un point de vue économique global alors ? D’abord, on y gagne sur la santé. Les études ont même montré que les vélotafeurs sont moins malades que les autres salariés, d’où moins d’absentéisme.
Ok, mais sur l’emploi, ça donne quoi ? Une étude européenne a montré que si 56 villes européennes adoptaient le modèle de Copenhague, cela créerait 435 000 emplois. Et la plupart seraient non délocalisables, car liés à la location et à la réparation. Il suffit de voir la demande dingue sur les réparateurs et les vendeurs de vélos : un secteur en pleine croissance, en particulier pour les VAE.
Il y a aussi le tourisme à vélo, hyper vertueux pour l’économie locale – il n’y a qu’à voir le regain d’intérêt pour les châteaux de la Loire depuis l’essor de la Loire à vélo. Là encore, de l’emploi ! Et puis enfin, il y a la redynamisation des commerces de proximité et des marchés, qui embauchent plus que les hypermarchés. Encore de l’emploi !
Alors, je ne sais pas si, en pédalant et en créant des pistes cyclables, on met des ouvriers du pneu au chômage… mais je sais que plein d’autres ouvriers fabriquent des chambres à air, et que d’autres trouvent des emplois dans la réparation, la location et la vente.
(114e épisode)