Charlotte à vélo

1 an après la mort de Paul Varry, la violence contre les cyclistes est toujours là

Il y a un an, Paul Varry, cycliste parisien et engagé dans l’association Paris en Selle, était tué, écrasé par un automobiliste. Nous étions encore nombreux lors de l’hommage rendu à Paul mercredi dernier, entre la Mairie du Centre et la Madeleine, en pédalant le long de la piste cyclable baptisée en sa mémoire.

En attendant le procès de l’automobiliste, il est temps de faire un premier bilan politique : qu’ont fait la Mairie et l’Etat pour que, plus jamais, un jeune homme ne meurt pour avoir pédalé dans Paris ?

 

En 1 an : des études, un rapport et une prise de conscience

Côté Ville de Paris, les élus se sont mobilisés et l’engagement a été pris pour aller vers le zéro mort et zéro blessés graves. Symboliquement, une piste cyclable a été baptisée au nom de Paul Varry (une première). Et concrètement ce sont 60 carrefours dangereux qui seront réaménagés d’ici quelques mois – ce qui n’est pas rien ! Notons aussi la création de nouvelles pistes cyclables, mais qui sont parfois déjà très utilisées vue l’augmentation du nombre de cyclistes. Côté police municipale, on ne sent pas vraiment une volonté de protéger les circulations piétonnes et cyclables. 30 PV en une année pour tout Paris pour sanctionner les comportements dangereux… c’est ridicule.

Côté Etat, une mission a été lancée et confiée à Emmanuel Barbe sur la question de la violence routière. En avril il a remis son rapport au Ministre, qui s’est empressé de ne pas faire grand chose. Ce rapport était d’ailleurs très décevant : pratiquement rien pour sanctionner la violence routière et les comportements dangereux sur la route. Rien sur la demande de retirer le permis aux personnes coupables de violence. Rien pour freiner le développement des SUV, particulièrement dangereux car trop lourds. Pratiquement rien sur la publicité qui valorise toujours la vitesse et la puissance des véhicules.

La violence motorisée : une réalité parisienne

A Paris, il reste encore beaucoup à faire pour apaiser la circulation et sécuriser les piétons et les cyclistes. Lors du dernier baromètre vélo 2025, à Paris, 9 cyclistes sur 10 disent être victimes de violence. C’est plus de 13 points au-dessus de la moyenne nationale déjà très élevée (77%), ce qui fait de Paris la deuxième ville la plus touchée après Marseille. “Ce résultat dénote d’un fort climat d’agressivité, qui peut aller jusqu’à la violence physique pour plus d’un cycliste sur 10.” nous dit Paris en Selle.

De meilleurs comportements 

Comme le disent les associations vélo, pour plus de sécurité, il faut de meilleurs comportements et de meilleurs aménagements. 

Pour les comportements, les deux clés sont la sanction et l’éducation. 

Les forces de police doivent être des alliées de la sécurité des cyclistes et des piétons. Il faut donc 

  • sanctionner de façon beaucoup plus systématique les comportements dangereux : stationnements gênants, circulation motorisée dans les pistes cyclables, refus de priorité…
  • prendre au sérieux les dépôts de plainte en cas d’agression verbale ou physique : depuis le décès de Paul Varry, la parole s’est libérée et elle doit être écoutée, afin de faire cesser l’impunité des chauffards

Il faut considérer qu’une voiture de plus d’une tonne peut être une arme. Dans ce cas, on doit retirer le permis de conduire aux  personnes coupables de violences.

Et concernant l’éducation et la culture de la violence motorisée, les mesures doivent être fortes : pourquoi pas interdire tout simplement la publicité pour les voitures ? C’est d’ailleurs ce que propose très sérieusement Résistance à l’Agression Publicitaire.

L’éducation des garçons doit être aussi prise au sérieux. En effet, 84% des présumés responsables d’accidents mortels sont des hommes.

et de meilleurs aménagements

Pour les aménagements, il faut surtout protéger les carrefours. On compte près de 200 carrefours dangereux à Paris. Et puis, il faut encore et toujours de vraies pistes cyclables et non des bandes cyclables. Je continue de m’opposer aux financements par la Région IDF des  bandes cyclables. On me dit que c’est mieux que rien. Je pense au contraire que ça peut être pire que rien, car cela laisse penser qu’il y a un aménagement cyclable, alors que de la simple peinture ne protège ni de la circulation motorisée, ni des portières !

Le projet de loi de finance 2026 risque d’être une douche froide pour les cyclistes : un plan vélo sous financé, et l’austérité budgétaire pour les collectivités territoriales, c’est in fine moins d’aménagements pour la sécurité, en ville comme à la campagne.

Et moins de voitures !

Ne perdons pas de vue que la meilleure alliée des piétons et des cyclistes, c’est la baisse de la circulation motorisée ! Zones à Trafic Limité, places et rues piétonnes, vélorues et pistes cyclables, nouveau plan de circulation sont autant d’outils pour faire baisser la circulation en ville et ainsi faire baisser la pollution, le bruit, les émissions de gaz à effet de serre, la congestion et l’insécurité routière. Et c’est aussi gagnant pour le pouvoir d’achat !

 

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© Tous droits réservés · Charlotte Nenner © Photos de campagne avec Charlotte: Eric Coquelin · © Illustrations: Alice Mettais Cartier