Mon intervention à l’occasion de la présentation d’une motion sur le “métro pour tous”.
Nous soutenons sans réserve l’ambition d’un métro plus accessible.
Dans cette motion, vous nous faites un satisfecit sur la mise en accessibilité du réseau de transports IDF, alors que pour le métro parisien, ça n’a pas progressé d’un poil depuis que vous êtes à la tête de la région. Cet été, le monde est venu à Paris, et y a malheureusement constaté notre retard en la matière. Car c’est bien un revirement de votre politique. Exemple flagrant : la rénovation de la Gare d’Austerlitz financée par la région, ne prévoit pas la mise en accessibilité du métro ou du RER. Les amendements écologistes ont tous été rejetés. Autre exemple : le budget Accessibilité de notre Région n’était consommé qu’à moitié à la fin 2023 : 25 M€ affectés à la fin de l’année alors que 50 M€ étaient prévus.
Idem pour la planification. Ni le CPER, ni le SDRIF-E, ni le plan des mobilités n’envisage un tel plan de mise en accessibilité du métro parisien, que ce soit en termes financiers, de calendrier, de stratégie, de méthode ou d’approche technique.
Nous saluons donc l’initiative prise, mais regrettons toutefois son caractère tardif, alors que l’échéance des Jeux Paralympiques aurait dû être un catalyseur d’action publique.
Je vous demande également de ne pas promettre l’impossible. L’accessibilité du métro ce n’est pas qu’une question de priorité budgétaire et de bonne volonté politique : beaucoup de stations ne peuvent pas techniquement être accessibles pour diverses raisons matérielles : présence d’égouts, terrains instables, enchevêtrement de tunnels, manque de place sur la voirie pour la sortie, etc. On estime que cela concerne près de 50% des stations !
L’honnêteté en politique ce n’est pas promettre l’impossible. Il faut une accessibilité partielle et graduée en priorisant les principales correspondances, de manière à assurer un réseau suffisamment maillé pour couvrir le territoire.
Nous souhaitons aussi que soit étudiée sérieusement la possibilité de passer à un modèle “sans portillons” à l’instar de Berlin, Hambourg ou Copenhague
Nous rappelons également que l’accessibilité concerne aussi la voirie, les bus et tramway. Il est aussi important de réduire la circulation automobile et de poursuivre la mise en place des voies réservées sur les autoroutes pour que les PMR qui ont réellement besoin de leur voiture pour se déplacer soient prioritaires.
Vous avez fait de ce sujet une polémique avec la Mairie de Paris, notamment sur le financement. Nous déplorons vraiment les récupérations et ce débat politicien, là où on devrait au contraire chercher le consensus. Le CPER constitue le meilleur moyen de définir le qui paye quoi. Force est de constater que le CPER signé aujourd’hui devra être revu pour trouver le meilleur financement et faire de cette accessibilité plus qu’un vœu pieux.
Traduction :
CPER = Contrat de Plan Etat Région, qui définit tous les investissements à cofinancer pour une période de 4 ans environ
SDRIF-E = Schéma Directeur de la Région Ile de France et Environnemental, schéma d’aménagement du territoire, au dessus de tous les documents d’urbanisme.
PMR = Personne à Mobilité Réduite, c’est à dire les personnes en fauteuil roulant, ou avec béquilles, ou avec poussette, ou avec valises etc.