Dans une tribune au « Monde », trois conseillers régionaux écologistes d’Ile-de-France s’alarment de la désorganisation des transports publics en région parisienne, et demandent à revoir au plus vite les priorités dans ce secteur crucial.
Publié le 29 septembre 2022
Transports en Île de France : une remise à plat urgente
Le RER B a battu des records d’irrégularité en août avec 73% d’indice de régularité. Panne de signalisation, problèmes matériels, personnel manquant… se sont ajoutés aux dysfonctionnements habituels et à la surcharge de la ligne. Le RER D n’est pas en reste avec des retards et incidents réguliers.
On a vu aussi cet été des suppressions de train sur le RER C, sur les autres lignes du Transilien et sur les bus, soit par manque de personnel soit par mesure d’économies. En effet, l’offre de transport n’est toujours pas revenue à son niveau d’avant covid-19. Il n’est pas rare d’avoir un train par heure, ou un métro toutes les 20 minutes.
Les dysfonctionnements sont tels que les associations ont tiré la sonnette d’alarme : les usagers sont au bord de la crise de nerfs.
Et pourtant à l’heure de la crise climatique et de l’inflation, l’offre de transports en commun, peu chère et peu polluante, doit plus que jamais être une priorité de nos politiques publiques.
Hélas, la région Ile-de-France, dirigée par Valérie Pécresse, manque à tous ses devoirs et à toutes ses promesses de « révolution des transports ». Tous les chantiers concourant à améliorer les transports existants dysfonctionnent, sont retardés et/ou ont des surcoûts difficilement surmontables. EOLE, NEXTEO, Tramway 12, nouvelles rames RER… Le dernier conseil d’administration de IDF Mobilités a montré que tous ces projets étaient en souffrance.
La SNCF – et notamment SNCF Réseau – est en très grande partie responsable de ce fiasco, tout comme Alstom, incapable de tenir les délais et les coûts annoncés. La SNCF peut se dégager de tout engagement de service public ; c’est le gouvernement d’Edouard Philippe qui a décidé d’en faire une Société Anonyme, et c’est encore l’Etat qui lui demande de ne plus avoir de déficits, au nom de la sacro-sainte règle d’or ! Or, cette vision ultra comptable oublie que des rails et des tunnels bien entretenus, ce n’est pas de la dette, c’est surtout un patrimoine public, un investissement pour le futur.
- Pecresse et la majorité de droite à la région, s’empressent de mettre en haut des priorités, la privatisation des transports en Île-de-France. Il y a quand même plus urgent, d’autant que pour faire face à la pénurie de chauffeurs et de conducteurs et attirer de nouvelles recrues, il ne faudra pas mégoter sur leur statut. Ce n’est vraiment pas le moment d’allumer la mèche sociale !
La cour des comptes a elle aussi tiré la sonnette d’alarme sur les finances des transports publics en Ile-de-France. Incapable de surmonter la baisse de fréquentation, l’arrivée de nouvelles lignes de RER, métro et de tram laissent présager de fortes hausses de coûts de fonctionnement, sans qu’à aucun moment on n’envisage de nouvelles ressources pérennes. Sans parler de la crise énergétique qui va toucher durement les dépenses de carburant et d’électricité des transports en commun. Valérie Pécresse a d’ailleurs annoncé qu’elle voulait augmenter sensiblement le Pass Navigo : ce sera un coup dur pour les ménages franciliens, touchés par l’inflation, sans compter qu’aucune amélioration de l’offre, ni en qualité ni en quantité n’est envisagée en contre-partie. Pire : cela irait à l’encontre d’une politique volontariste en faveur du climat et de la qualité de l’air en Ile de France.
A ce niveau de déroute, il est temps de s’arrêter et de réfléchir. Il est ainsi urgent de revoir les priorités pour les transports. Renoncer maintenant à des projets inutiles ou moins utiles, réparer les transports existants, revoir la tarification pour qu’elle soit plus juste et trouver de nouvelles recettes pour garantir l’avenir. Il est temps de tout remettre à plat. Ce n’est pas une « révolution des transports » qu’il nous faut, mais une sobriété de la mobilité.
Charlotte Nenner, Ghislaine Senée et Jean-Baptiste Pegeon
Conseiller.e.s régionaux écologistes