Certains pensent que je suis venue au boulot en vélo parce qu’il y a grève.
C’est vrai que depuis la grève de 1995, certains associent le vélo et même la marche à une période de « galère », comme si c’était un moyen de transport par défaut, à n’utiliser qu’en cas de disette.
Ben non, je viens tous les jours à vélo.
C’est vrai que je ne suis pas touchée directement par les grèves. Je mets le même temps, j’ai les mêmes petites aventures et énervements que tous les autres jours. Le seul impact, ce serait de croiser une manif, mais en général j’arrive à traverser.
Bref, je ne suis pas une « otage » de la grève comme ils disent, mais je suis quand même touchée par cette grève des transports.
Touchée dans le sens où cette réforme de la SNCF m’inquiète et m’interpelle. Car on ne peut rester indifférent à la logique de privatisation de la SNCF (le changement de statut d’EPIC en SA, ce n’est pas autre chose qu’une privatisation).
Sans mission de service public d’entretien des infrastructures, de maintien en service des lignes de train de qualité et de tarifs abordables… rien n’empêche la SNCF de devenir une entreprise qui ne fait plus que du car et du TGV cher.
Exit les TER, les trains de banlieue, les trains Corail, les trains de nuit, le fret ferroviaire…
Et là, on est très mal, car si on poursuit la seule logique du transport rentable, ça va faire beaucoup, beaucoup plus de monde sur les routes.
Donc pollution, bruit, embouteillages… et emmerdements pour les cyclistes.
Les systèmes de déplacement sont des écosystèmes fragiles, et le train est une richesse qu’on a tendance à trop négliger.
(44e épisode)